GOODFELLAS (Les affranchis) (1990)

L'histoire
30 ans de la vie de Henry Hill, jeune membre de la mafia new yorkaise. Sa découverte de la pègre, sa vie de famille, le quotidien d'un gangster. Tout se passe pour le mieux jusqu'à ce que les affaires de drogues prennent le pas sur les affaires "normales".
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Impression
"Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu être un gangster.". Dans cette phrase laconique est présent tout le film, mélange d'ironie et de destinée inévitable. Car la vie de Henry Hill a été toute tracée dès l'enfance quand il observait hébété les agissements de la mafia sous ses fenêtres. Pour un jeune comme lui, ce monde ressemblait à un conte de fée permanent. Le film raconte comment il va transformer ce conte de fées en cauchemar par mépris des règles élémentaires du Milieu. Avec l'habileté d'un orfèvre, Scorsese nous prend par la main pour nous présenter tous les rouages de ce drôle d'univers. Un univers que l'on avait quitté dans le sang, avec sa description qui donnait froid dans le dos, dans la série de Francis Coppola The Godfather (Le Parrain). Ici, ce n'est pas le même regard. Scorsese nous présente un monde logique, ordonné, plutôt calme même. Parfois, bien sûr, il faut remettre les choses à leur place, et il peut y avoir des dégâts. Mais là ou Coppola nous présentait un univers violent et sans sentiments, Scorsese nous démontre que le but premier de la mafia n'est pas d'abattre froidement quelqu'un de plusieurs balles, mais bien de gagner le maximum d'argent. Alors, oui, si un rouage est grippé, il faut faire sauter le maillon qui pose problème, mais tout est droit, orchestré, et même, osons le terme, séduisant. On peut donc imaginer ce qui a pu se passer dans la tête du jeune Hill quand il regardait cela du haut de ses 13 ans. Ensuite, dans The Godfather, le monde de la mafia était essentiellement masculin. On s'aperçoit dans Goodfellas que la femme a aussi une importance considérable, et que lorsque des petits ennuis arrivent au couple Hill, c'est le chef de famille lui-même qui vient tenter de résoudre les problèmes.
Lorsque Martin Scorsese a lu le livre de Nicholas Pilleggi, il s'est rendu compte que c'était l'occasion de refaire un film de gangster, genre qu'il avait déjà longuement abordé (who's that...., Boxcar Bertha, Mean Streets et même Raging Bull par certains aspects), mais il tenait là un nouvel angle très intéressant à développer. Ainsi, après de longues années passées, pendant lesquelles il réalisait After Hours, The Last Temptation of Christ, New York Stories, il mis en scène ce pur chef d'oeuvre à ranger au coté des plus grands classiques du genre. Il inaugure également avec Goodfellas un nouveau style de narration qu'il s'emploiera à renouveler et amplifier dans The age of innocence et Casino. Sur le principe d'une voix off, on assiste à une saga familiale (dans le sens général du terme) ou la virtuosité du cinéaste et le génie de l'interprétation nous remplissent d'un bonheur sans égal. On savait Scorsese remarquable réalisateur, mais il nous dévoile encore un talent incroyable quand il s'agit de conduire une narration. Les séquences se suivent comme autant de morceaux de bravoures. Le sommet arrivant à la fin, lors de cette scène géniale ou le réalisateur décrit toute une journée qui se terminera bien mal pour notre héros. Dans cette scène, le voyage en image s'effectuera également en musique pour ce qui est certainement l'un des plus formidable montage sonore du cinéma, ou pas moins de 8 chansons s'enchaînent à un rythme infernal.
Au niveau interprétation, le spectateur s'en donne à coeur joie. Jusque là, les films de Scorsese étaient centralisés sur un, voire deux personnages centraux. Ici, c'est une véritable suite de personnages principaux qui nous est donné d'apprécier. S'il est vrai que la performance de Ray Liotta est remarquable (il trouve ici le rôle que son talent méritait), on ne peut s'empêcher d'énumérer les autres acteurs des rôles principaux : Robert De Niro, d'un froid glacial, Joe Pesci, toujours aussi énervé, Paul Sorvino, en parrain de la mafia plus calme qu'un joueur d'échec mais avec un regard dans lequel on devine une détermination sans faille. Je terminerai par la formidable Lorraine Bracco, que l'on voit peut au cinéma, mais qui fait preuve dans sa composition, d'une qualité de jeu exceptionnelle, en femme victime de la destinée de son mari.
Sommet du cinéma scorsesien, Goodfellas aborde les thèmes chers au cinéaste : Le pouvoir de la famille (au sens large) qui montre que si l'on essaie d'aller à contre sens, tout s'écroule. La religion, car Henry Hill est tel le Judas de The last temptation of Christ, fasciné par un monde qu'il essaie de comprendre, et torturé par le devoir de vendre ses propres amis, non pas pour 30 deniers, mais pour le droit de devenir cet être qu'il déteste le plus au monde, "un plouc". La violence, ici présente de manière brutale, primaire, mais aussi régie selon certaines règles - le personnage de Joe Pesci est exécuté d'une balle dans la tête pour que sa dépouille ne puisse pas être exhibée à l'enterrement.
Vous l'aurez compris, si l'oeuvre entière de Martin Scorsese est intéressante dans son ensemble, on peut détacher certains films clés que l'on se doit d'avoir vu, parmi lesquels Goodfellas trouve une place de choix.
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