Après de nombreuses difficultés pour monter le projet, et trois versions entre 1965 et 1969, Martin Scorsese parvient à réaliser son premier long métrage à New York, produit par son ancien professeur d'université, Haig Manoogian. Il réalise ensuite un documentaire sur les manifestation étudiante de 1970 à New York, Street Scenes, puis il débarque à Hollywood, où il réalisera son second long métrage produit par le célèbre Roger Corman. Ses deux premiers longs métrages sont :
WHO'S THAT KNOCKING AT MY DOOR ? (1969)
BOXCAR BERTHA (1972)
 
 
 

Who's That Knocking at my door ? (1969)

L'histoire
J.R., jeune homme habitué à l'indolence de ses amis de Little Italy, fait la connaissance d'une jeune intellectuelle sur le ferry qui mène à Staten Island. Leur liaison ne peut se développer à cause de sa peur des femmes qui ne sont pas "garces" et par le fait qu'elle lui révèle, avec la meilleure intention du monde, qu'elle s'est fait violer par un ancien petit ami. Cette nouvelle l'amène à la quitter, mais quand il s'apercevra de sa bêtise, c'est elle qui décidera de ne plus le voir. Il recherchera le pardon, en vain, dans les bras de l'église.
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Impression
Premier film du cinéaste, Who's that knocking at my door ? a été difficile et long à monter. Pendant cinq ans, Scorsese construira petit à petit ce film dans lequel on aperçoit pour la première fois Harvey Keitel. Pendant cette longue période, le film évoluera considérablement. D'un premier jet catastrophique, selon l'aveu de Scorsese lui même, aux changements de titres incessants, le film trouvera enfin une exploitation en 1969 grâce à l'ajout d'une scène de nu torride. Tourné en noir et blanc, le film montre deux aspect de la personnalité du jeune cinéaste. Très influencé déjà par le style documentaire, on suit pendant tout le film les virées d'une bande de petit frimeurs italo-amercain. Les scènes se suivent sans trop de liens entre elles et sont à la longue un peu fatigantes par la non évolution de l'action. A l'inverse, l'autre aspect du film nous montre la liaison du personnage principal avec une jeune intellectuelle qui plus est jolie. C'est cette partie qui permet de nous intéresser à ce film tant par la qualité de l'interprétation que par une mise en scène déjà brillante. De plus, on y trouve les premiers signes des grands thèmes qui feront la Scorsese's touch : la difficulté de communication entre l'homme et la femme, la violence qui en résultera, l'importance de la religion, la quête déçue de rédemption. Le film se place comme un très honorable brouillon du futur immense Mean Streets qui reprendra les mêmes thèmes et le même acteur principal. Justement, la présence de Harvey Keitel est la très bonne surprise du film. Il nous apparaît comme un jeune adulte tout juste sorti de l'adolescence et tiraillé entre l'envie de sortir s'amuser avec ses copains et le désir de créer quelque chose avec cette fille qui tranche totalement avec les pétasses avec qui il sort sans arrêt. On peut déceler chez ce comédien en devenir les prémices du futur immense acteur. A ces coté la ravissante Zina Bethune compose une jeune fille de bonne famille tout à fait remarquable. La réalisation est soignée et inspirée par la nouvelle vague française des années soixante (beaucoup de mouvement, un montage en contre point éclatant), mais aussi par l'importance du réalisateur John Cassavetes qui ne cessera plus d'influencer considérablement Scorsese. Autre constante dans l'univers du cinéaste qu'il ne cessera d'affirmer par la suite, la présence d'un bande son forte avec l'utilisation de chansons tout au long du film, le moment fort restant la scène de sexe entre Harvey Keitel et ses maîtresses au son du The End interprété par les Doors. Enfin la scène finale dans l'église, fort bien mise en images, nous montre le premier rapport de Scorsese avec la religion catholique et ces premiers stigmates : Keitel se coupera la lèvre quand il voudra donner un baiser à un crucifix.
Au final, le film reste intéressant -au delà même du fait que c'est le premier film du cinéaste- par la représentation inédite à l'époque de la communauté italo-américaine, et par une réalisation soignée et énergique.
 
 

Boxcar Bertha (1972)

L'histoire
Début des années trente dans l'Arkansas, la jeune Bertha Thomson prend la route à la suite de la mort de son père et devient l'associé de Big Bill Shelley et du joueur professionnel Rake Brown. Ils deviennent des pilleurs de trains confirmés : le trio est poursuivi par deux policiers sans scrupules, les McIvers. Lorsque Shelley est capturé et Brown abattu, Bertha tombe dans la prostitution ; elle retrouvera Shelley juste avant qu'il ne soit crucifié sur un wagon.
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Impression
Je n'ai pas vu ce film (si vous souhaiter réagir dessus n'hésitez pas : écrivez-moi). Les seules informations que je possède sont issues du livre Scorsese par Scorsese :
Le film est produit par Roger Corman qui avait remarqué le réalisateur par l'intermédiaire de Who's that knocking at my door ?. Dans la veine du succès de Bonnie and Clyde d'Arthur Penn, le film est une histoire de gangster dans les années trente d'après l'autobiographie de Bertha Thompson, Sister of the road. Sur le film, Scorsese eut toute liberté de faire comme bon lui semblait, comme celui de créer un personnage répondant au nom de Michael Powell ! La seule contrainte vient de la bouche même de Roger Corman : "Il faut une scène de nu au moins toutes les quinze pages. Pas de nu intégral, mais un peu de sein, ou une jambe, juste pour que le spectateur reste accroché à l'écran !"
Toujours dans Scorsese par Scorsese : "Je ne suis pas responsable de la scène finale ou le personnage se fait crucifier ; c'était dans le scénario qu'on m'a donné ; quand j'y repense, c'était un signe du bon Dieu." Scorsese allait plus tard réaliser qu'il avait filmé la scène de crucifixion de The last temptation of Christ exactement de la même façon.
 
 

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