L'histoire Dans le quartier de Little Italy
à New York, la vie d'une bande de petits truands aux destins opposés.
Entre respect des règles, loi du milieu et obsession religieuse,
la paix ne pourra retrouver sa place qu'après l'éxécution
du plus génant de la bande.
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Impression "Marty, tu viens de passer un an de ta vie à fabriquer ce tas
de merde. Ne te fais pas bouffer par ce genre de cinéma - essaye
de faire un film personnel". John Cassavetes avait su se montrer franc
quand Martin Scorsese lui montra timidement sa dernière oeuvre :
Boxcar
Bertha. Mais grâce à lui, le jeune cinéaste,
qui commençait à imaginer qu'il allait devenir un réalisateur
de films de genre de l'ancienne école, se trouva stimulé
pour réaliser ce film si personnel qui allait devenir son premier
coup de génie : Mean Streets (on peut traduire le titre en
français par "les rues misérables"). Depuis son premier long
métrage Who's that knocking at my door ?
, le scénario de ce nouvel opus des nuits new yorkaises traînait
dans ses tiroirs avec peu d'espoir d'en sortir un jour. Puis, bien décidé
à enfin le réaliser, Scorsese se mit en marche pour trouver
sa distribution. Si Harvey Keitel, l'alter ego du début de la carrière
du cinéaste, s'imposait de lui-même pour incarner Charlie
(son personnage est dans la lignée du J.R. de Who's that...),
le choix pour incarner Johnny Boy était plus difficile. Présenté
par leur ami commun, Brian de Palma, Robert De Niro entra définitivement
dans la vie de Martin Scorsese, pour former dès lors l'un des duo
les plus évidents de l'histoire du cinéma. Il composa dans
Mean Streets un Johnny Boy époustouflant, rôle à l'orée
d'une carrière qui l'imposa au panthéon du cinéma.
Si son premier film est plutôt le brouillon de son oeuvre en
devenir, Mean Streets est parfaitement maîtrisé d'un
point de vue narratif. Tourné en très peu de jours (la plupart
du temps à Los Angeles !), le film impressionne par son aspect urgent
et intelligent. Aux longues séquence de méditation de Charlie
à l'église, suivent des scènes frénétiques
où toute la virtuosité du cinéaste est déjà
présente. La caméra, essentiellement à l'épaule,
suit les protagonistes de l'histoire dans leurs aventures grotesques qui
s'achèveront en un règlement de compte dramatique et violent.
Si l'on peut voir aujourd'hui en Martin Scorsese, l'un des plus brillant
directeur d'acteur d'Hollywood, à l'époque de Mean Streets
ce rôle n'était pas évident pour lui. Pour pouvoir
néanmoins arriver à ses fins, le cinéaste fit confiance
en ses acteurs quant à leur improvisation sur beaucoup de scène.
Ainsi la fameuse séquence ou De Niro pète les plombs en grimpant
sur une table de billard, est complètement dû au talent du
jeune acteur (les indications du réalisateur pour cette scène
tenait dans cette drôle de phrase : "la dernière lueur d'une
bougie, avant de s'éteindre, est la plus brillante..." !!!). Cette
grande part d'improvisation deviendra par la suite l'une des marques de
fabrique de Scorsese. Le film impressionne également par la richesse
de sa bande-son. Coutumier du fait, Scorsese aime placer ici et là
les tubes rock qu'il aimait écouter. Ainsi, Mean Streets est devenu
le film que l'on ne peut dissocier du standard Be My Baby. Quant à
la première apparition de Johnny Boy, elle est génialement
rythmée par le Jumping Jack Flash des Rolling Stones. Filmée
au ralenti, tout le cinéma de Scorsese se trouve déjà
dans ce plan séquence étonnant où le jeune héros
marche dans le bar, entouré de deux ravissantes jeunes filles. Si
le film préfigure d'un style propre au cinéaste, il se place
également comme hommage évident au cinéma européen
(plus particulièrement la nouvelle vague française), mais
également à l'oeuvre du mentor de Scorsese, John Cassavetes.
En effet, c'est la fascination qu'exerçait sur lui le film Shadows
qui a définitivement permit au cinéaste de choisir sa voie.
Véritable "premier" film de Martin Scorsese, Mean Streets est
une merveille qu'il faut, à n'en pas douter, avoir vu, pour comprendre
le cheminement du cinéaste jusqu'à aujourd'hui.
Autour
du film
Le film eu beaucoup de mal à trouver un financement.
Après la réussite de Boxcar Bertha,
Scorsese demanda de nouveau à Roger Corman de produire son nouveau
film. Mais l'aspect général ne convenait pas au fameux producteur
de séries B. Il proposa donc à Scorsese de faire ce film
en procédant à quelques petits changements et avec uniquement
des acteurs noirs. "je te donne 150 000 dollars et tu pourra tourner à
New York avec une équipe non syndiquée". On remarquera en
voyant le film que Scorsese refusa poliment l'offre de Corman !!
Si les deux hommes ont grandi dans le même
quartier à New York, Scorsese ne se rappelait pas du tout de Robert
De Niro, alors que l'acteur se souvenait avoir déjà rencontré
le réalisateur.
L'allure étrange de Johnny Boy est du en grande
partie à De Niro. Scorsese l'observa dans la rue portant vieux habits
et un chapeau rétro. Le look du personnage était trouvé...
L'apparition de Scorsese dans le film est, ici, extrèmement
forte. C'est lui qui abat Johnny Boy de plusieurs coups de révolver
depuis sa voiture.