TAXI DRIVER (1976)

L'histoire
Ancien du Vietnam et insomniaque, Travis Bickle devient chauffeur de taxi la nuit dans les bas-fond new yorkais. Écoeuré du spectacle dont il est le témoin quotidien, il cherche à s'attirer les charmes d'une jeune femme très différente de sa personnalité, puis prend pitié pour une jeune adolescente prostituée. Repoussé par la première, il sombre dans une folie meurtrière qui le poussera à libérer la seconde des bras de son mac, laissant derrière lui un terrible bain de sang.
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Impression
Lorsque l'aventure de Taxi Driver démarre en 1974, tout va pour le mieux pour les principaux protagonistes du film. Scorsese sort du succès de Alice..., avec un Oscar pour Ellen Burstyn à la clé, Paul Schrader, le scénariste, vient de vendre sa première histoire, Yakusa, à un grand studio, Robert De Niro est enfin révélé grâce au Parrain 2, et les producteurs Michael et Julia Phillips viennent de triompher grâce à L'Arnaque. Réunis par Brian de Palma, Martin Scorsese et Paul Schrader tombent d'accord pour faire ce film qui tombe à point nommé dans la carrière du cinéaste. Réalisé avec un budget très faible, le film sera tourné à toute allure : Robert De Niro doit être libéré rapidement pour commencer le tournage de la fresque italienne de Bernardo Bertolucci, 1900, et Scorsese souhaite démarrer rapidement le tournage de New York, New York tout de suite après. C'est cette approche frénétique dans le travail qui, sans doute, donne au film cet aspect d'urgence ultime. Tout est parfait dans Taxi Driver. Le scénario, écrit par Paul Schrader, retranscrit habilement la montée vers la folie criminelle de ce chauffeur de taxi qui, outre le fait d'incarner un "justicier dans la ville" (aux antipodes du personnage de Charles Bronson dans la série à succès du même nom), est victime de la situation de l'Amérique des années 70, au sortir de la guerre du Vietnam, qui ne trouve d'issue que dans le mensonge de la politique, des fantasmes sexuels et de la drogue. La grande qualité du scénario est de démontrer que dans un monde ou les repères n'existent plus, on est capable de sacraliser un ange exterminateur, comme l'a été un certain Charles Manson. La deuxième preuve de l'indéniable réussite du film est liée à la grande qualité de l'interprétation. Au risque de me répéter à longueur de pages, la performance de Robert De Niro dans le rôle de Travis Bickle est à marquer d'un pierre blanche. Il n'y a qu'à regarder sa filmographie entre 1974 (Le Parrain 2) et 1984 (Il était une fois en Amérique), pour remarquer l'absence de faux pas dans cette décade que l'on peut définir de prodigieuse (notons d'ailleurs que l'acteur croisera le chemin du cinéaste de Taxi Driver à quatre reprises pendant cette même période). Il démontre, s'il le faut encore, qu'il est l'un des acteurs les plus importants de l'histoire du cinéma mondial. La froideur qui se dégage du regard de Travis au volant de son véhicule, suffit à imprégner l'écran d'un malaise indélébile. Martin Scorsese déclare avoir beaucoup travaillé sur l'improvisation de ses comédiens, comme dans beaucoup d'autre de ses films, d'ailleurs. Ce ton proche du documentaire nous rend complice, et c'est cette complicité qui provoque également chez le spectateur un sentiment de culpabilité et de compassion. Le reste de la distribution fait également pour beaucoup dans le succès du film. En dehors de Harvey Keitel, toujours parfait, et de Cybil Shepherd, touchante midinette, c'est Jodie Foster qui provoqua un choc incroyable à la sortie du film. Son incroyable culot et une étonnante maturité pour une adolescente de seulement 13 ans, marquèrent les esprits à tout jamais. Jodie Foster, certainement un des personnages les plus brillant et intelligent du cinéma, trouvera là l'envol d'une carrière sans faille jusqu'à aujourd'hui, et remportera deux oscars avant même d'avoir 30 ans. Enfin, au niveau de la réalisation, le "style" Scorsese déjà présent dans ses précédents films, prend ici toute sa dimension. Le premier voyage de Travis Bickle dans les rues de New York nous offre à voir des cadrages aussi superbes qu'originaux, et un découpage d'une précision diabolique. Le spectateur est partout à la fois. Nous sommes le passager du taxi, le regard dans le rétroviseur, le passant victime de la nuit et lavé par cette pluie artificielle sortie des bornes incendies. La violence parfaitement invisible à l'écran pendant la quasi totalité du film, est néanmoins présente par le style frénétique du montage et des angles de prises de vue. Et lorsque l'horreur prend vie par le bras armé de Bickle, le rythme est si étourdissant que la perception des images se fait moins précise, et que l'on croit voir plus que ce que l'on ne voit réellement. Ce n'est qu'au terme du carnage final que notre regard prendra son envol, pour constater l'image figée de la violence filmée à l'état brut.
Puisqu'il qu'il faut bien conclure (le film mériterai à lui seul un site entier), je ne peux pas ne pas parler de la musique originale créée par Bernard Herrmann. Sublime partition, elle marque la dernière collaboration de ce compositeur de génie avec le cinéma, qu'il a contribué à être encore meilleur. Herrmann est mort la veille de noël 75, juste après avoir terminé Taxi Driver. Je pense qu'il est besoin de rappeler (il n'y a qu'à regarder certains sites web sur les musiques de films qui oublient de mentionner cet illustre personnage du septième art !!!) que Bernard Herrmann est le compositeur de Citizen Kane, The Ghost and Mrs Muir, La mariée était en noir, et surtout de quelques uns des plus grands films d'Alfred Hitchcock dont Vertigo, La mort aux Trousses et Psychose.
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