Depuis toujours, Martin Scorsese s'est exercé
à l'exercice périlleux du documentaire. A l'image de ses films,
ceux-ci sont proches de sa propre personnalité. Cela ira d'événements
politiques, aux documentaires musicaux, en passant par une histoire de la communauté
italo-américaine, et bien entendu sur son regard sur le cinéma.
Au départ comme monteur spécialiste des films musicaux, comme
Woodstock en 1970, il va vite s'imposer comme brillant et original réalisateur
de documentaire, domaine qu'il ne quittera jamais. Ses principaux films se nomment
:
Street Scenes en 1970
Italianamerican
en 1974
American Boy en 1978
The Last Waltz (La Dernière
Valse) en 1978
A Personal Journey with Martin Scorsese Through
American Movies
(Un Voyage avec Martin Scorsese à Travers
le Cinéma Américain) en 1995
Il Mio Viaggio In Italia (Mon
Voyage en Italie) en 2001
Feel like going home (Du Mali
au Mississippi) en 2003
Street Scenes (1970)
Le
documentaire
Street Scenes est un film sur les manifestations
étudiantes de mai 1970 contre l'invasion américaine du Cambodge,
qui commencent à Wall Street et se terminent par la marche sur Washington.
Le film est constellé d'entretiens, de confrontations avec les médias
et de quelques morceaux d'acid rock.
Je n'ai pas vu ce documentaire (si vous souhaiter réagir dessus
n'hésitez pas : écrivez-moi).
Les seules informations que je possède sont issues du livre Scorsese
par Scorsese :
"Bien qu'il soit à l'évidence surtout passionné
de montage, la seule séquence dont Scorsese accepte la paternité
est une longue discussion finale sur l'efficacité des manifestations
-et sur le rôle des films- dans une chambre à Washington.
Parmi les participants, un Scorsese très silencieux, Harvey Keitel,
Jay Cocks et Verna Bloom. Parmi les autres étudiants qui prirent
part à la production, on retrrouve les futurs cinéastes Jonathan
Kaplan et Oliver Stone."
A remarquer parmi l'équipe technique, la présence de
la monteuse Thelma Schoonmaker.
Italianamerican (1974)
Le
documentaire
Italianamerican est un film réalisé
par Scorsese sur ses parents, Catherine et Charles. Premiers véritables
italo-américain, ils sont les enfants des imigrants arrivés
de Sicile au début du XXème siècle. Le film est traité
sous la forme d'un dialogue entre le réalisateur et ses parents
dans leur salon. Il commence par la présentation de la fameuse recette
de la sauce italienne expliquée dans la cuisine par madame Scorsese.
A table, Charles et Katie racontent ensuite les premiers pas de leurs parents
en Amerique : L'aventure de la traversée de l'Atlantique, comment
les italiens sont aller coloniser le quartier alors tenu par les irlandais,
la difficulté de trouver du travail et sa dureté pendant
la guerre, comment ils arrivaient à faire du vin dans la cave en
piétinant de leurs pieds le raisin. Le long du documentaire le couple
se chamaille de temps à autre pour de petits détails sans
importance. Enfin, dans le générique de fin, on a le droit
à l'explication en entier de la recette de la sauce (cliquez
ici pour le détail de la recette)
Ce film est un pur moment de bonheur. Assister à la description
des deux protagonistes de l'arrivée des imigrants italiens entre
deux chamailleries est rejouissant. Le parti pris de Scorsese de laisser
toute liberté à ses parents de s'exprimer devant la caméra
est tout à fait payant. Nous ne sommes pas des spectateurs, mais
des convives assis à la table de deux personnes qui semblent être
comme nos grands parents, à qui l'on demandait de raconter les histoires
de jeunesse. Mais avant tout, c'est une formidable leçon d'histoire
sur la présence italienne à New York à laquelle nous
assistons. La discussion est entrecoupée de documents d'archives,
photos et films, et d'image du quartier en 1974. Le tout enrobé
par une petite musique typiquement italienne, tout droit sortie des film
de Fellini ou De Sica.
American Boy : A profile of
Steven Prince (1978)
Le
documentaire
Dans la maison d'Hollywood de George Memmoli, Scorsese
et ses amis écoutent Steven Prince raconter des histoires entrecoupées
de films de famille : il parle de sa jeunesse de bourgeois juif, de son
expérience de road-manager de Neil Diamond, de la drogue,
des armes à feu et de ses relations avec son père.
Je n'ai pas vu ce documentaire (si vous souhaiter réagir dessus
n'hésitez pas : écrivez-moi).
Les seules informations que je possède sont issues du livre Scorsese
par Scorsese :
"American Boy ne couta que 155 000 dollars. (...). Les souvenirs
colorés de Prince sur tous les incidents violents qu'il a vus et
sa fascination des armes à feu font d'American Boy une sorte
de pendant objectif à Taxi Driver, tout comme Italianamerican
l'avait été à Mean Streets."
Apparemment, on retrouve dans ce documentaire la même technique
de réalisation qui ont fait la patte de Italianamerican, mais cette
fois avec des images créées par Michael Chapman.
The Last Waltz (La Dernière
Valse) (1978)
|
cliquez sur l'affiche
pour accéder à la galerie
de photos |
Le
documentaire
The Last Waltz est le nom du dernier
concert donné par le groupe mythique des années 70, The Band.
Mené par Robbie Robertson, le concert est l'occasion pour le groupe
de recevoir sur scène des invités parmi les plus prestigieux
de l'époque, tels Neil Young, Eric Clapton, Bob Dylan, et bien d'autres
(pour
le détail de la distribution cliquez
ici). Les séquences sur scène sont entrecoupées
de l'interview des membres du groupe par Scorsese himself. C'est
au Winterland, à San Francisco que le concert a lieu le jour de
Thanksgiving, en novembre 1976.
C'est un euphémisme que d'affirmer que
la musique à une importance immense dans la carrière de Scorsese.
Très tôt, il s'est spécialisé dans la fabrication
de documentaires sur des événements musicaux, comme par exemple
le film Woodstock de 1969 dont il supervisera le montage. C'est donc naturellement
qu'il accepte de faire ce film. The Band est le groupe canadiens créé
en 1960 comme groupe d'accompagnement de Ronnie Hawkins. Le groupe ne cessera
plus de partir pour d'interminables tournées. La renommée
du groupe prendra un retentissement international quand il seront accompagnés
de Bob Dylan. The Last Waltz marque la fin de The Band après 16
années sur les routes.
Le film est remarquablement réalisé.
Entouré de fidèles collaborateurs, Michael Chapman pour l'image,
Boris Leven pour les décors, Scorsese a su tirer de plus de sept
heures de concerts, un témoignage émouvant et le reflet qu'à
pu être cette fête prestigieuse. On peut ne pas être
touché par le style musical du groupe (c'est en parti mon cas, pour
ce qui est des chansons à tendance country), mais on ne peut rester
insensible à la qualité d'ensemble du travail de l'équipe
de réalisation. Le film a mis deux ans à sortir pendant lesquels,
le cinéaste a tourné des séquences musicales supplémentaires,
notamment la superbe séquence de la chanson Evangeline avec
Emmylou Harris, puis il a signé les interviews du groupe, avant
de s'occuper du montage définitif. Finalement, le film sortira sur
les écrans en 1978.
A Personal Journey with Martin Scorsese Through American
Movies
(Un Voyage avec Martin Scorsese à Travers le
Cinéma Américain) (1995)
Le
documentaire
Pendant près de quatre heures passionnante, Martin
Scorsese nous invite à visiter son musée imaginaire du cinéma
américain. Le cinéaste nous livre ici les secrêts de
son éternelle passion pour le septième art, en nous présentant
une suite d'extraits de films, entrecoupés d'interviews des réalisateurs
américains les plus prestigieux, le tout commenté par Scorsese
lui-même.
aller à la page DVD
Il Mio Viaggio In Italia (Mon voyage en
Italie) (2001) Le
documentaire
Présenté en exclusivité
au festival de Cannes 2001, je n'ai pu assister à la projection du film.
Par contre j'ai pu contacter mon amie Sam, fan du cinéaste devant l'éternel,
qui a eu la chance de voir ce documentaire fleuve. Très gentiment elle
m'a envoyé un texte relatant d'une part l'aventure de la projection du
film, et d'autre part un bref résumé de ce que l'on peut trouver
dans le film. Rendez-vous : ici
Feel like going home
(Du Mali au Mississippi)
(2003)
|
cliquez sur l'affiche
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de photos |
Le documentaire
Ce film est tirée de la série de 7 documentaires
consacré au Blues et dont l'initiateur et le producteur est Scorsese
lui-même (parmi les autres réalisateurs de la série on peut
trouver Wim Wenders, Clint Eastwood ou Mike Figgis).
Dans son épisode, Scorsese nous fait suivre Corey Harris, jeune bluesman
américain, partir à la recherche des racines de sa musique. Nous
parcourons le delta du Mississippi ou l'on rencontre de vieilles gloires qui
ont marqué l'histoire de cette musique, puis deux ethnomusicologues,
et enfin nous nous envolons pour l'Afrique, à la recherche des racines
plus profondes. Au hasard de son voyage initiatique le jeune bluesman rencontre
Ali Farka Touré, Salif Keita et d'autres artistes africains.
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