Le milieu des années soixante à Hollywood marque la passation de pouvoir entre deux générations de cinéastes. Les studios ont de moins en moins d'influences, et les films qui remporteront de grands succès publics ne seront plus ceux que l'on attendait. Les grands réalisateurs que sont John Ford, Howard Hawks, Billy Wilder, Alfred Hitchcock, George Cukor vont être confrontés à une nouvelle génération de jeunes effrontés qui vont venir bousculer le cinéma. Déjà en Europe, un virage similaire a été effectué. La Nouvelle Vague française a donné un grand coup de pied aux conventions cinématographiques établies. Les Godard, Truffaut, Chabrol, Malle offrent au monde une nouvelle vision plus réaliste et une manière de tourner plus accessibles aux jeunes talents. C'est le règne de la caméra stylo, de l'improvisation, de la prise de son en direct, du nouveau montage. De l'autre coté de l'Atlantique de nombreux étudiants d'écoles de cinéma vont être captivés pas cette nouvelle liberté. Il faut aussi ajouter que ces années marquent également l'avènement de l'ère moderne de la télévision. Les studios cèdent leur collection de films, et on va pouvoir découvrir les grands classiques d'Hollywood sur le petit écran.
Martin Scorsese, Georges Lucas, Brian de Palma, Steven Spielberg, Francis Coppola sont tous étudiants dans les années soixante. Ils ont en commun de connaître par coeur l'histoire du cinéma. Jamais rassasiés, ils courent de cinéma en cinémathèque à la découverte de la moindre perle. Leurs carrières respectives vont les amener à se croiser, à travailler avec les mêmes acteurs (par ailleurs nouveaux eux aussi), s'entraider, et toujours faire progresser le cinéma tout en gardant intactes leurs racines.
 

La famille scorsesienne, c'est en premier lieu la sienne, la biologique. Marty a depuis toujours fait participer ses parents au tournage de ses films comme comédiens. Ce qu'il préfère c'est faire interpréter à sa mère le rôle de la mère des personnages principaux : la mère de Harvey Keitel dans Who's That Knocking at My Door ?, celle de Robert de Niro dans King of Comedy, et enfin celle de Joe Pesci dans Goodfellas (plus confidentiellement elle incarnera la mère de Vinny Vella dans Casino). Quant à son père Charles, il se fera remarquer en exécutant Joe Pesci dans Goodfellas. Je ne parle même pas du documentaire qui leur est entièrement consacré..... Mais la famille scorsesienne, c'est aussi la fidélité qu'il porte à trois immenses acteurs, que l'on va retrouver tout au long de sa carrière.
 

Martin Scorsese a la réputation d'être un formidable directeur d'acteur. Outre ses comédiens de prédilection (voir La famille), il a offert a de nombreuses stars d'Hollywood des rôles parmi les plus marquants. Qui a oublié les remarquables performances des  Newman, Dafoe, Burstyn ou autre Sharon Stone ? Cerise sur le gâteau, il est à l'origine de nombreux prix ou nominations de ses acteurs aux Oscars. Quant a ses qualités de découverte ou redécouverte de talents, elle ne sont plus a démontrer. Voici donc une liste (courte, mais il fallait faire des choix) d'étoiles d'Hollywood qui ont marqué la cinématographie de ces trente dernières années.
 

Comme tout grand cinéaste, Martin Scorsese sait s'entourer. Depuis maintenant plus de trente ans qu'il fait du cinéma, on retrouve au quatre coins de sa filmographie des noms familiers qui reviennent régulièrement. Palme de la fidélité, sa monteuse Thelma Schoonmaker accompagne la carrière de notre cinéaste depuis pratiquement le début. Mais à d'autres postes techniques aussi capitaux que l'écriture, la production ou l'image, les fidèles sont également nombreux. La liste suivante a été établie comme palmarès du plus grand nombre de collaborations mais n'est nullement exhaustive (une nouvelle fois il fallait choisir !).Auraientt pu aussi y apparaître, dans le désordre,  Michael Chapman (directeur de la sublime photo noir et blanc de Raging Bull), le décorateur Boris Leven, ou le compagnon des débuts Mardik Martin (malheureusement, je n'ai aucune documentation le concernant, filmographie exceptée).
 

Le chapitre "Rencontres" est dédié aux personnalités qui ont croisé Martin Scorsese, en différentes occasion.
Passionné par l'histoire du cinéma, il fait participer quelques grands noms à ses films, comme autant de clins d'oeil de groupie passionnée (Almendros, Bass, Herrmann). L'exemple le plus frappant, est celui de Bernard Herrman : Quel plus merveilleux hommage pour l'un des plus grands compositeur du XXème siècle peut-on rendre quand, près de trente ans après la création de l'oeuvre originale, Scorsese choisit, pour le remake de Cape Fear, de réutiliser la même partition (légèrement retravaillée par Elmer Bernstein), car, a-t-il affirmé, pourquoi créer une nouvelle musique, quand celle d'origine est parfaite.
Les rencontres, ce sont aussi celles avec ses mentors et autres guides, qui ont orienté définitivement la carrière du cinéaste vers le cheminement que l'on connait (Cassavetes, Corman, Powell). Enfin, peut-on réellement parler de Scorsese sans aborder sa grande passion pour la musique. Il n'y a qu'a "écouter" Mean Streets, Goodfellas ou Casino pour se rendre immédiatement compte de l'importance considérable qu'a la musique chez Scorsese (voir également la page Documentaires). Dans ce domaine, j'ai choisi deux compositeurs. L'un, Robbie Robertson, parce qu'il est l'ami fidèle pour lequel Scorsese a d'ailleurs consacré tout un film, et l'autre, Peter Gabriel, parce que outre le fait que je sois son plus grand fan (et que ça me fait plaisir de lui rendre hommage), il a certainement composé pour The Last Temptation of Christ, l'une des plus belles et originales création musicale de l'histoire du cinéma.
 

C'est un fait acquis que Martin Scorsese s'est inspiré de sa parfaite connaissance du cinéma pour fabriquer l'une des carrières les plus originales et fortes du XXème siècle (vivement le siècle prochain !). Mais il est également acquis que désormais, le même Martin fait partie intégrante de l'histoire du septième art depuis plus de trente ans. C'est donc à son tour d'inspirer, d'encourager et de contribuer à l'éclosion de nouvelles carrières cinématographiques. J'ai donc réuni dans ce chapitre différents cinéastes du monde entier qui se réclame une filliation avec Scorsese. Le cas d'un réalisateur au combien brillant comme John Woo est atypique, puisque d'inspiré, il a eu aussi le rôle d'inspirateur, Scorsese ne tarissant pas d'éloges sur l'un de ses films The Killer.